1. Bonjour Atome, pourrais-tu te présenter ?

Salut Nour. À l’état civil, je suis Youdjeu Alain. J’ai 25 ans et je suis Camerounais. Blogueur, consultant en communication, entrepreneur et critique de musique. Passionné de culture et d’art, je suis propriétaire du blog culturel www.voila-moi.com  grâce auquel en 2017 j’ai obtenu deux récompenses en tant que meilleur blogueur Camerounais. Parallèlement, je suis aussi « mondoblogueur » avec le blog www.enfantdafrica.mondoblog.org.

  1. Quelle est ta définition du blogueur ?

Il serait un peu maladroit de considérer ma définition stricte du blogueur. Mais j’appréhende le blogueur comme un contributeur social qui partage une passion à travers les canaux du web. Parallèlement c’est aussi un médiateur entre les marques et une communauté ou le public, un prescripteur de conduite ou produit dans certains cas.

  1. Penses-tu que le blogueur a un rôle à jouer au Cameroun pour développer le numérique ?

Oui, bien sûr. Je pense même qu’il joue déjà un rôle. Ne serait-ce que dans la production du contenu et la diffusion du savoir. Il y’a beaucoup de connaissances que les blogueurs Camerounais partagent sur les plateformes. Ça permet d’édifier et même de référencer le pays. Puis, en ce qui concerne le numérique proprement dit, je pense que le blog est un média qui est sujet de multiples innovations et qui refait le modèle du média. Enfin je pense qu’en termes de positionnement et prise de parole, le blogueur est la voix par excellence du numérique, il est le profil type du leader d’opinion à l’ère des réseaux sociaux.

  1. Revenons aux influenceurs… les entreprises camerounaises sont-elles sensibles à l’importance des influenceurs ?

Je dirai oui et non. Oui dans ce sens qu’elles savent bien qu’on existe et qu’on peut leur apporter quelque chose. Non dans la mesure où peu d’elles mesurent notre réelle importance et ne maitrisent pas les rouages de notre travail. Peu d’elles comprennent vraiment l’enjeu, les tenants et aboutissants du blogging.

  1. A ton avis pourquoi est-ce important pour les entreprises camerounaises de collaborer avec les influenceurs ?

Oui, c’est très important et je crois qu’il arrivera bientôt un moment où elles ne pourront plus faire sans ! Pour quelles raisons devraient-elles ?

-Parce que le taux de pénétration d’internet est de plus en plus grandissant – Les réseaux sociaux sont de plus en plus pénétrés- La fiabilité des marques dépend fortement des avis des leaders d’opinions – Les influenceurs  Camerounais constituent dans ce sens un moyen utile pour les marques de mieux se rapprocher de leurs cibles. Mais elles ont aussi l’avantage par ces moyens de favoriser leur crédibilité et leur sympathie.

  1. comment juges-tu aujourd’hui tes échanges avec les entreprises ?

Je pense que c’est très froid et très peu équitable. Déjà que peu d’entreprises réussissent à pénétrer efficacement le digital. Donc quand il s’agit des blogueurs c’est encore pire. Les entreprises ne savent pas encore comment intégrer les blogueurs dans leurs stratégies. Certaines d’elles confient ce travail à des agences de communication. Et quand bien même c’est le cas, les agences rémunèrent mal, abordent mal et n’opèrent pas par la proposition. Pire ! Nombreuses d’elles ne connaissent pas grand-chose du blogging. Mais mine de rien, ça bouge un peu. Certaines marques nous approchent, c’est déjà ça.

  1. qu’est-ce que tu aimerais améliorer ?

À mon avis, les entreprises doivent commencer par connaitre vraiment l’environnement du blogging, ses pratiques et ses rouages. Se baser sur ce qui fait ailleurs par les responsables marketing, communication ou RP. Elles doivent aborder des blogueurs en demandant au préalable ce qui leur conviendrait, faire des propositions ou négocier. Surtout, il est important de faire des partenariats à long termes gagnants. Apprendre à comprendre nos offres et surtout appuyer les initiatives de développement du blogging au Cameroun. Mieux encore les entreprises doivent travailler avec des agences performantes et vraiment spécialisées sur le digital et le content marketing.

  1. Raconte-nous une anecdote

Elle est toute récente mon anecdote. C’est une agence de communication qui me contacte à 23h un jour pour m’informer d’une conférence de presse qui avait lieu le lendemain à 14h. J’ai envoyé un représentant et ce dernier a été payé à la somme de 10.000 FCFA. Chose étonnante, c’est que l’agence en question m’a relancé pour me demander l’article. Comme quoi elle estime avoir payé. L’autre anecdote est aussi récente avec le concert de Niska au Cameroun. C’est une agence qui m’appelle à 10h pour une conférence de presse qui a lieu à 12h. Bien sûr, j’ai décidé de ne pas m’y rendre car j’estime que ce n’est pas professionnel même s’il y’avait un peu d’argent à se faire. . Il y’en a tellement de cas comme ceux-là. C’est quotidien chez nous.

  1. Et pour le mot de la fin ? J

Je dirai que malgré son évolution difficile dans notre contexte, j’ai beaucoup de foi en ce domaine qu’est le blogging. Pour moi, aujourd’hui c’est déjà un métier, bien que nombreux ne l’acceptent pas encore. J’ai réussi à bâtir derrière cela un modèle économique. Je pense qu’avec les temps, les choses iront mieux. Pour moi aujourd’hui, le 1er but c’est d’asseoir mon activité locale, le second c’est de toucher le continent entier. Mais c’est surtout d’innover, me démarquer et profiter des outils que le digital met à notre disposition pour faire un blogging pro et créatif. Enfin le troisième c’est de développer une entreprise médiatique innovante viable sur le long terme.